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J’ai restauré une collection historique

Bonjour vous ! J’espère que vous allez bien. Aujourd’hui on parle restauration et histoire. Tout commence lorsque mon client F. passe en boutique pour que je l’aide à estimer un cadre qui souhaite acheter.



La semaine suivante il revient à la boutique avec le fameux cadre et me passe commande pour une restauration. Le projet : étaler les spécimens quand cela est possible et réparer les éventuelles casses pour créer un nouveau cadre.

Comme toujours dans ce type de projet je commence par passer la boîte au congélateur pour la nettoyer des éventuels parasites. Une fois fait je m’atèle à retirer toutes les épingles qui sont plantées dans les élytres afin de pouvoir étaler les spécimens



Comme souvent dans e genre de boîte quelques spécimens sont étiquetés. Je regarde toujours ces informations car elles me permettent d’identifier les insectes. C’est ainsi que je découvre une étiquette qui m’intrigue



C’est assez commun d’avoir ce genre d’étiquette avec le nom de la personne qui a collecté les insectes. Mais pour une fois il y a également mention d’un titre de noblesse et d’un nom qui pour le moment ne fait échos à rien en moi « nirvana ». A ce moment je me dit que ça ne coûte rien de faire une petite recherche pour voir ce qui ressort.


Je découvre alors l’histoire de la comtesse de Béarn, Martine de Béhargue (1870-1939), mécène oubliée des arts et des sciences. En effet, à une époque où le milieu des collections est presque exclusivement masculin la comtesse de Béarn fait autorité pour ses collections.



J’apprends qu’elle consacra une grande partie de sa vie à l’art, la musique et l’écriture. Elle était notamment amie avec Aldous Huxley, Paul Valérie ou encore Marcel Proust. Mais ce qui l’a rendu incontournable dans l’histoire des collectionneurs français c’est son éclectisme car elle s’intéresse tout autant aux sciences et aux voyages. Elle aimait naviguer à bord de son yacht « Le Nirvana », qualifiait à l’époque de « château flottant », et entreprit un tour du monde avec plusieurs personnalités de différentes sphères (art, musique, archéologie, science).


C’est ainsi qu’Eugène Cordier (1862-1927), dont le nom figure également sur l’étiquette trouvée dans la boîte, participa à ce qu’on a appelait « La Croisière du Nirvana » en Asie en 1908. Eugène Cordier était alors pharmacien, photographe et préparateur de collection pour le Muséum National d’Histoire Naturelle de Paris.



Si l’on en croit cette étiquette, et d’après les recherches que j’ai pu faire, certains des insectes de cette boîte proviendraient donc de cette croisière. C’est assez fou de se dire qu’avec quelques insectes mal conservés dans une boîte que beaucoup, moi la première, n’aurez pas regarder on peut apercevoir un morceau du passé et de notre histoire scientifique.


C’est donc chargée de ce bagage historique que j’ai entreprit de remettre en forme et en valeur cette collection. J’espère avoir pu rendre hommage à la comtesse de Béarn et à son implication dans les arts et les sciences ainsi qu’au travail de collecte d’Eugène Cordier. En tout cas mon client et moi avons décidé d’incorporer ce morceau d’histoire dans son cadre pour la faire perdurer encore un peu.



Voilà, vous connaissez toute l’histoire derrière cette restauration en apparence banale. J’espère que cette anecdote vous aura plu autant qu’elle m’a bouleversé. Je vous dis à très vite pour un nouvel article et en attendant prenez soin de vous !

 
 
 

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